La concierge a accroché un mot sur la porte de l’ascenseur. Les plombiers ont fini de travailler dans les caves. Nous allons pouvoir enfin y remettre tout le fourniment qui encombre l’appartement depuis mai. J’ai posé une nouvelle plaque de bois au sol pour isoler de l’humidité. Graissé les gonds de la porte. Transporté les caisses de livres. Replacé enfin le cadenas. Là-haut, il y a maintenant un peu plus de place pour le désordre. Il faudrait refaire tout l’appartement. La plomberie d’abord et c’est urgent. Au bout de l’entrelacs des tuyaux entartrés, l’eau coule chichement au robinet et à la douche. Les sanitaires sont à changer… L’électricité ensuite : les fils se croisent dans les endroits les plus invraisemblables, les prises les plus récentes feraient le bonheur d’un collectionneur de matériel des années soixante. Et puis il faut remplacer les plaques de cuisson (rouillées) dans la cuisine, le plan de travail (fendu), arracher le sisal qui s’effiloche au sol, en poser du neuf et remettre un coup de pinceau partout. Après, il restera encore bien des bricoles. Tout cela apparaît très compliqué. Je ne manque pas de bonne volonté, mais je n’ai pas le temps de m’atteler à ces travaux, pour lesquels je suis loin, aussi, d'être compétent. Notre propriétaire a beau être un cousin d’Amélie, je le pressens mal se lancer dans cet onéreux chantier. D’ailleurs, nous devrions probablement abandonner les lieux pendant un moment. Où logerions-nous ? Déménager ? Sans revenu fixe, je ne peux rien louer. Allez, on va penser à autre chose… J’ai déjeuné avec Solveig à la Marlotte. Je crois que je ne connais pas quelqu’un de plus discret et de plus attentif. Nous avons parlé des textes qu’elle défend chez Stock. J’avais fini de lire Tache de ne pas devenir folle de Vanessa Schneider, un très beau livre sur les origines, même, et surtout, compliquées… J’ai fait du courrier au Rostand et je suis allé rejoindre Claire et Virginie avec qui j’avais rendez-vous au Père Louis, rue Monsieur-le-Prince. On se voit de temps en temps. On se donne des nouvelles. Claire attend toujours le grand amour. Virginie est enceinte. Elle attend une petite fille pour le printemps. Chez nous, j’ai retrouvé Amélie inquiète. Agathe, le bébé de Séverine, qui a été hospitalisé à Necker dimanche, est dans un état critique. Elle avait mal au ventre. Elle s’était mise à saigner. On l’a déjà été opérée une fois. Les médecins ont pris plein de précautions oratoires… Je compte sur les doigts d’une main les fois où j’ai vu Séverine. C’est la meilleure amie d’Amélie, elles se connaissent depuis vingt ans. Elle est partie lontemps vivre au Brésil avec Gérald, son mari. Ils viennent juste de rentrer. Je garde, de l'enfance de Marie, le secret d'une multitudes d'angoisses que l'on dissipe au fur et à mesure du tout va bien. Quand on devient parent, on apprend la peur. Ce que vit Séverine en ce moment est un des pires cauchemars qui puisse exister.