J’ai préparé ma rentrée à Censier. Besoin, à chaque fois, de mettre tout, un instant, par écrit. Rédigé un questionnaire d’actualité : Pourquoi parle-t-on actuellement de Jean Sarkozy ? Donnez une définition du mot népotisme… Que fêtera-t-on particulièrement à Berlin le 9 novembre prochain ? Quand sera remis le prix Goncourt ? Et le Renaudot ? etc, etc… Les étudiants ne s’en sont pas si mal sortis pour une première fois. J’en ai une vingtaine, en deux groupes. A la sortie, j’ai pris un verre avec Renaud qui y donne des cours, lui aussi, cette année. Il a l’air ravi de l’expérience. Tant mieux. Moi aussi. J’ai vraiment besoin de cette rencontre hebdomadaire. Necessité d’expliquer, de se faire comprendre, d’écouter aussi. Ca fait trois ans maintenant. Je suis rentré à pied par la rue Monge. Je me suis arrêté à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Ce n’est pourtant pas vraiment ma paroisse : froissis de soutanes et dames en mantilles. On pourrait y trouver un charme surrané, si cela n’était que nostalgique… Mais j’étais entré dans une église, c’est tout. Dans la chapelle absidiale, au fond, je suis resté un moment au pied de la statue de la Vierge à l’Enfant. Le Jésus dans ses bras se tient droit dans l’assise, la tête relevée. Amélie m’a laissé un message tout à l’heure. La petite Agathe est retournée au bloc opératoire. Elle a huit mois.