J’ai grillé une cigarette sur le trottoir de la rue Moncey en attendant l’arrivée de Pascaline qui doit m’accompagner pour une intervention auprès des élèves d’un lycée de Haute-Saône. Il était à peine 8h30 et ce n’était pas la première. Je fume comme un sapeur depuis que je suis arrivé à Besançon. Déjà trois paquets de Gold leaf. Sans doute une manière d’embrumer les intervalles ou les entre-deux. Brouillard et petite pluie fine. Nous sommes arrivés à Gray vingt minutes en avance. Juste le temps de prendre un café. Le lycée est installé dans une ancienne caserne. Un régiment de cavalerie puis des gendarmes. Maintenant, on forme des garagistes, des conducteurs de poids lourds... J’ai raconté mes livres face à une classe de seconde qui suit des cours de mécanique moto. Une vingtaine de garçons et une seule fille. J’ai retenu son prénom, Mégane. Et une question qu’elle m’a posé aussi : A quoi ça vous sert d’écrire ? Pas moyen d’éluder. D’ailleurs à ces « Petites fugues » je suis partout tenu de m’expliquer. En tout cas, depuis deux jours, je m’y efforce. A quelques mois de la sortie de La mort de ma mère, l’invitation à ce festival tombe plutôt bien. Ca me remet en place. Moi et mes vieilles idées… Nous sommes rentrés à Besançon. Je voulais travailler, mais je me suis laissé envahir par la torpeur. J’ai allumé la télévision dans la chambre d’hôtel. Regardé Persepolis le dessin animé de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. J’ai pleuré vers la fin. Je dois être fatigué. Au soir Pascaline est venue me chercher à nouveau. J’étais attendu dans une compagnie théâtrale de Lons-le-Saunier. Là encore long trajet, nuit tombée. Une rue à droite après l’usine de la Vache qui rit, toute illuminée. A gauche. Et encore à droite. L’Atelier de l’exil occupe un pavillon des anciens abattoirs. Pas mal de monde avait pris place dans la salle autour de petits guéridons. Face à des spectateurs attentifs, Françoise, la comédienne a lu de longs extraits de mes textes. Nous avons bavardé ensuite. J’ai signé quelques exemplaires. Nous étions conviés ensuite au dîner que Françoise avait préparé pour une dizaine de « proches ». Soupe au potiron, profusion de petits plats délicieux et conversation animée. Seule ombre à cette soirée, j'ai perdu mes lunettes. Les neuves. Du coup j'ai envahi toute la conversation du retour en voiture avec cette histoire. Pascaline m'a écouté plus d'une heure avec une angélique patience parler des lutins voleurs et de saint Antoine-de-Padoue. Amélie m'attendait à l'hôtel. Demain, c'est grasse matinée.