Jeux d’Epreuves aujourd’hui. Jean-François Colossimo défendait Zone de Mathias Enard. J’espère de tout cœur avoir su suffisamment agréger mon enthousiasme à sa présentation et, surtout, donner envie de lire le livre. C’est un grand texte. Remuant, dérangeant, poétique, sensible. J’avais promis à Mathias de lui envoyer un petit mot. Je ne l’ai toujours pas fait. C’est stupide. Il ne faut jamais traîner à dire le bien que l’on pense. Et à l’expliquer. L’émission a tourné un peu aigre pour mes choix vers la fin. J’avais apporté Les petits sacrifices de Caroline Sers. Ce roman noir, délicatement triste, à l’intrigue vrillante, où les secrets de famille et les poids des convenances écrasent les générations, n’a séduit personne. Pire… Jean-François Colossimo a dit qu’il n’était pas édité. Clara Dupont-Monod l’a trouvé mal écrit et Baptiste Liger sans aucun intérêt. Ca m’enrage. Ils sont pourtant tout sauf stupides, mes camarades d’antenne. J’ai essayé de comprendre. J’ai peur que ce texte soit rejeté (sans machiavélisme, sans volonté de nuire) simplement parce qu’il n’est pas dans l’air du temps. La forme classique quand elle évite le discours, quand elle ne se pare pas des habits de la nouveauté, n’intéresse plus personne. Cela s’est fait insensiblement... Moi, j’entends le Mauriac du Nœud de vipères dans ces Petits sacrifices. Qui aime encore Mauriac maintenant ? J’étais encore un peu énervé de cet épisode en retrouvant Amélie au Sauvignon. Nous avons détricoté chacun doucement notre journée. Avec elle, tout se calme.