La 2 CV est tombée en panne ce matin. Ou plutôt, elle ne voulait plus s'arrêter. Il a fallu la faire caler. Une histoire d'allumage ou de démarreur. Amélie est partie en retard à son festival avec une autre voiture. Emmanuel a ouvert le capot et commencé à réparer. Je regardais le moteur avec, comme toujours, ce sentiment d'incompréhension familière, quand j'ai aperçu, accroché au châssis, près du manchon de chauffage, un minuscule nid de guêpes. Une ébauche plutôt, d'une vingtaine d'alvéoles. Je l'ai délicatement détaché. Je suis remonté corriger les exercices que j'avais donnés à mes étudiants mercredi dernier. Pas été très efficace. Ici, je pars dans le paysage. Je lève les yeux de mon travail et je vois comme un arrière-plan du quattrocento. Je suis dans le décor de la toile. Les collines moussues du vert des arbres, trouées de maisons aux toits de tuiles blondes. Les vergers aux restanques, la petite église de Magagnosc et ses murs ocre-roux. Dans le ciel, deux nuages, en simples touches blanches. Je devais retrouver Amélie à Mouans-Sartoux sur le coup des six heures. Emmanuel m'y a emmené avec la Lotus. En fait, c'est tout près. Gros embouteillage à l'entrée de la petite ville. Le feu rouge. Le débouché de la rue principale. Amélie était allée à notre rencontre, ce qui a permis à Emmanuel de se sauver avant de s'enfoncer davantage dans la file des pare-chocs. Nous avons fait un tour des stands. Dit bonjour aux uns, aux autres. Virginie Ollagnier m'a présenté à Cécile Reyboz. J'étais content de faire enfin sa connaissance... Chanson pour bestioles, son premier roman paru en janvier chez Actes Sud m'avait infiniment touché. Je n'avais pu faire à l'époque qu'un tout petit papier dans Marianne. Nous avons bu un verre de vin blanc, tous ensemble, à la terrasse d'un café sous les platanes. J'étais convié au dîner des Editions de l'Olivier. Nous étions une quinzaine. J'étais placé à côté de Maryline Desbiolles. Je ne l'avais pas revu depuis mon prix Marguerite Audoux en 2004 pour le 16 rue d'Avelghem. Elle était membre du jury. La soirée à été courte et drôle par moments. J'ignorais que je partageais avec Olivier Cohen une nostalgique ferveur pour les sketches de Fernand Raynaud. Ma femme fait la chèvre, moi, je fais le cochon... Ca eut payé, mais ça ne paie plus. Claire et Emmanuel n'étaient pas couchés quand nous sommes rentrés. Nous avons pris le dernier verre avec eux devant la cheminée. Sans que je sache bien comment c'est arrivé, nous avons évoqué chacun nos premiers souvenirs d'enfance. Douce conversation, fragile comme je les aime, avant d'aller dormir.