Amélie nous a quitté à peine avalé son café. Dernière journée pour elle à Mouans-Sartoux. J’ai regretté hier ne n’avoir pas rencontré John Berger. Je n’ai pourtant lu aucun de ses livres (je me souvenais juste du Septième homme paru chez Maspéro en 1976 et que j’avais acheté à La joie de lire, rue Saint-Séverin). Mais pour moi, John Berger est irréductiblement associé à La Salamandre, le film d’Alain Tanner avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau et Jacques Denis. Il avait collaboré au scénario et aux dialogues. Ce film a réellement bouleversé ma vie. J’avais dix-sept ans quand je l’ai vu la première fois au Studio Saint-André-des-Arts. Je l’ai revu plus d’une trentaine de fois. La dernière en 2003 ou 2004 au Saint-André-des-Arts à nouveau, justement. Jusqu’à ce qu’Amélie m’offre le DVD l'année dernière. J’aime tous les films de Tanner, mais celui-ci m’est vraiment intime. Personnel. Important. Et cela tient à ses dialogues, à ses voix de commentaire. Je les connais par cœur. Paul écrivit dans son carnet : la salamandre est un petit animal de couleur jaune et noire...

J’ai rédigé le court papier sur Laver les ombres de Jeanne Benameur pour Le Monde, fini de préparer mes cours pour Censier. Marie a téléphoné dans l’après-midi. Tu vas bien ? - Pas vraiment. Pas vraiment. Elle s’est fait une entorse grave de la cheville en trébuchant samedi. Elle ne veut pas manquer son travail et me demande si je peux l’accompagner à sa galerie le matin, la ramener le soir chez elle. Je vais m’arranger. Le plus simple est de prendre des taxis. Si on me prête une voiture, je vais passer mes journées à faire des allers et venues et des tours de pâté de maison pour me garer. Le froid est arrivé avec le soir. Amélie a fait du feu dans la cheminée. Ses parents avaient invité Marie-Jeanne et Dominique que nous avions vu cet été à Carolles. Jacques et Marie, que je n’ai croisé que deux ou trois fois. Jacques, à notre dernier séjour, était repassé nous voir pour nous offrir le livre de Jean-Michel Oughourlian, Génèse du désir. Comment trouver son propre modèle? Je lui dois toujours un mot... Emmanuel avait préparé une magnifique daube. Marinade au vin rouge, vinaigre, ail et festival d’aromates. Il en est resté à peine deux louches que Claire nous a soustraites de justesse (C’est bon, plus personne n’en veut ?) pour garnir un plat de pâtes, la semaine prochaine à la maison.