J'ai encore oublié de demander à Carole Martinez de mettre un mot sur mon exemplaire du Coeur cousu. En voilà un livre de boucles souterraines et de connivences. Un livre qui est venu me chercher et que je n'ai pas quitté. Je n'avais pu écrire à l'époque qu'un tout petit papier dans Le Monde. Avec Carole, on ne s'est pas beaucoup parlé pendant ces quelques jours à Chambéry. Guère plus qu'à Laval, en mars, où elle était aussi invitée et où je faisais déjà le Monsieur Loyal. C'est ce décalage des questionnements publics, des débats. Je reformule, pour les autres, ce que j'ai ressenti. J'écoute des réponses dont je ne sais pas bien à qui elles sont destinées. Après on ne se dit rien, comme si on s'était déjà tout raconté. Débrouille-toi avec ça. Fichu bouquin. Je le traîne en séquences, en bribes vivantes. Il m'a brûlé de soleil, fait des griffures de ronces, des morsures d'insectes. J'en suis meurtri, énervé et joyeux. Littérature... Quand pourrais-je lui en parler?