L'avant-propos du volume Marguerite Audoux n'arrivera que courant juin. Plus d'un mois de retard. La publication du titre va en être repoussée. Je devrais être en colère, mais sais que cela ne sert à rien. Je vais profiter du délai pour mieux préparer les suivants. « L'année nécrologique » 1938 me pose des problèmes et c'est bien là toute la difficulté de cette collection. Mon idée de prendre les auteurs qui viennent juste de tomber dans le domaine public se heurte à un sacré principe de réalité : tous les textes ne sont pas dignes d'intérêt, loin de là. N'empêche, ça a permis de belles (re)découvertes. Exhumator, m'appelle Raphaël Sorin chez Buchet. Je ne crois pourtant pas lui avoir raconté que, lorsque j'étais petit, je voulais être conducteur de corbillard. Tout cela parce que j'avais vu passer à Senlis sous les arbres du cours, direction le cimetière, un superbe fourgon noir, brillant comme une laque chinoise. Il débordait de fleurs. A l'arrière une couronne barrée d'un gros ruban violet. Sous sa casquette, dans son uniforme à boutons d'argent, le chauffeur m'était apparu superbe. J'ai fini par travailler aux pompes funèbres, après le service militaire. Mais pas très longtemps. Exhumator? Il a raison, Sorin. Je vais creuser l'idée.