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mercredi 12 mars 2025

Jeudi 6 mars 2025. 21h00.

Rédigé mon papier sur le Grouès. Je l’ai envoyé à Lanwenn en lui rappelant mes propositions pour Parmi toutes les autres de Hélène Veyssier et L’accident de Jean-Paul Kauffmann. À suivre.

Mercredi 5 mars 2025. 20h10.

J’ai relu Les braises de Patagonie. Et compris que ce qui m’avait attiré dans ce livre était moins la trame encordée des destins des personnages que leur fusion, leur absorption, dans la géographie, le paysage : ce sud du Chili, âpre, glacé, balayé de vents et d’une stupéfiante beauté. En filigrane, en guide fragile, on trouve Gabriela Mistral, la poétesse, prix Nobel de littérature en 1945. Je me souvenais de ces vers dans l’anthologie qu’avait publié Nicole chez Caractères : Il est des pays que je me rappelle comme je me rappelle mes enfances./ Ce sont des pays de mer ou de fleuve,/ de pâturages, de plaines et d’eaux. J’ai découvert ici, juste cité, un texte de 1931 qu’elle avait écrit pour le quotidien El Mercurio : « La petite carte audible du Chili ». Je suis allé voir. Les cartes visuelles ont déjà été faites, y explique-t-elle, ainsi que les cartes palpables, c'est-à-dire celles du relief ; il manque la carte des résonances qui rendrait un pays « audible ». Le livre de Delphine Grouès porte les souffles, les voix, les échos. J’ai raté la messe des Cendres. Amélie y a assisté à Saint-Germain. J’ai placé mes prières tout à côté des siennes.

Mardi 4 mars 2025. 17h15.

Mes halopeanum sont malades. J’ai dû en arracher un il y a trois ans. Puis son voisin a lentement dégénéré. Les feuilles affaissées, flétries. La semaine dernière j’ai vu que cela gagnait maintenant les autres plants. Il semble que ce soit un genre de mildiou contre lequel il n’y a pas grand-chose à faire. Je vais couper les branches atteintes, mettre du fongicide au pied. Et tâcher de trouver de nouveaux sujets à planter.

Mardi 4 mars 2025. 11h40.

Le gros aspirateur à rendu l’âme. Celui qui servait à nettoyer le poêle. J’ai senti comme une odeur de surchauffe électrique, de plastique fondu. J’ai tout de suite enlevé la prise. J’en ai commandé un nouveau. C’est fou le nombre d’aspirateurs que nous avons acheté pour cette maison. Ils finissent tous par nous lâcher.

lundi 3 mars 2025

Lundi 3 mars 2025. 20h40.

J’ai écrit quelques petits mots pour accompagner l’envoi de mon anthologie poétique de Jean Cayrol publiée en 2009 et que Points vient de rééditer. Il ne s’agit malheureusement pas d’une version revue et corrigée. Dommage. J’aurais bien repris la préface et ajouté une chronologie. Mais Points ne m’avait même pas prévenu du projet. J’ai appris l’affaire par Capucine au moment où elle m’avait sollicité pour l’émission de France Culture sur Cayrol. J’ai contacté alors l’éditrice et j’ai compris assez vite qu’il ne se passerait pas grand-chose autour de ce petit livre. Il s’agit juste d’une simple réédition pour mise à la nouvelle charte de la collection. Je trouvais pourtant que le vingtième anniversaire de la disparition de Cayrol et le quatre-vingtième de la libération des camps offraient une opportunité pour en parler. Mais bon. L’attachée de presse m’a gentiment proposé d’envoyer quelques services. D’où mes petits mots. Sinon, je devais commencer d’écrire mon papier sur le Delphine Grouès. Je n’ai rien fait. Sauf un peu de jardinage.

Dimanche 2 mars 2025. 22h30.

Nous avons nettoyé toutes les jardinières d’aromatiques. J’ai coupé le feuillage fané de la passiflore et fini de tailler les rosiers. Il faisait grand soleil et nous avons même pu prendre le premier verre de l’année sur la terrasse. C’est l’avant-printemps. Journée douce. J’ai accompagné Amélie à la gare de Folligny. Les wagons débordaient d’hurluberlus déguisés et braillards. Fort heureusement, le train s’est vu ajouter un autre élément où elle a pu trouver une place assise.

dimanche 2 mars 2025

Samedi 1er mars 2025. 20h00.

J’ai remporté l’enchère pour le petit tableau de Wislin. J’irai le chercher à Bayeux la semaine prochaine. Amélie a fait de grandes balades avec la chienne. Je ne l’ai pas accompagnée. Je ne me sens pas encore très vaillant. Je me suis contenté d’aller la chercher en voiture à Champeaux, de la déposer à la cabane Vauban, de la rejoindre au Pont-Bleu. Là-bas, au rué du Thar, nous avons regardé le soleil se coucher. La mer était mauve.

Vendredi 28 février 2025. 21h35.

Remis la maison en état. Rangements, ménage. Marché à Jullouville. Je suis allé chercher Amélie à Villedieu. Carnaval oblige. Tout Granville est envahi de fêtards et après les bruyantes festivités, les abords de la gare restent encore occupés par les manèges forains jusqu’au 10 mars. Je ne sais pas bien pourquoi j’ai tout cela en horreur.

Jeudi 27 février 2025. 17h40.

J’ai repris Les braises de Patagonie, le roman de Delphine Grouès. Lanwenn ne l’a commandé pour la semaine prochaine. Un texte singulier dans cette rentrée de début d’année. Le grand sud du Chili s’y déploie dans toute sa géographie tourmentée. Le paysage n’est pas décor, il est une figure, une entité vivante, vibrante. Dans cette terre du bout du monde, des destins se serrent, se cordent. C’est une ode. Et on est emporté.

jeudi 27 février 2025

Mercredi 26 février 2025. 18h40.

J’ai repéré dans une prochaine vente à Bayeux une petite huile sur bois de Charles Wislin. De lui, j’ai déjà une toile de la fin des années 1920 qui représente la cathédrale de Senlis vue du haut de la rue du Moulin-du-Gué-de-Pont. Le petit calvaire, l’allée du cours, le mur du couvent des sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny, autant dire tout le décor sensible de mon enfance. Je ne connaissais pas Wislin (1852-1932), un peintre de paysages essentiellement qui posait son chevalet au gré de ses voyages en Italie et un peu partout en France. Le troublant, en ce qui me concerne, c’est qu’il a séjourné aussi à Carolles. Et c’est une vue du village qui est aux enchères à Bayeux. Elle date du 3 juin 1914. Les blés, tachetés de coquelicots, sont en encore herbe. Deux mois avant la guerre. Mon grand-père François qui était garde maritime était de la même génération que Wislin. Mon père avait dix ans. J’ai déposé une offre. Je croise les doigts.

mardi 25 février 2025

Mardi 25 février 2025. 20h30

Trois mois sans une ligne. A peine quelques lettres, de tout petits papiers. Ex nihilo nihil. Je suis vide. À moins plutôt que je ne sois une fois de plus empêché. Comment me dépêtrer ? Je regarde le printemps arriver au jardin. C’est le basculement de février. Imperceptible. La lumière a peu à peu griffé la nuit. La terre lentement s’est réchauffée. Et d’un soir au lendemain les jonquilles ont éclos, le camélia rouge a fleuri. Je devrais aussi tourner la page de l’hiver. Nous l’avons pourtant ouvert en beauté cette année. Noël à Venise et quelques jours à Triestre. Nous avions décidé ça il y a un an. Et pourquoi pas ? Il a fait grand soleil. Je retiens la messe à Santa Maria Formosa, ce verre au café Florian où nous étions les seuls peu avant la fermeture, la longue promenade à l’arsenal au couchant, seuls aussi. Je garde la vue sur le golfe de Triestre à la fenêtre de notre chambre au Savoia, la fontaine de la nymphe Aurisina de Pietro Magni au Musée Revoltella, le déjeuner à Muggia, Et nos mains qui ne se quittaient pas.

Lundi 24 février 2025. 18h00.

Je me remets tout juste d’une bronchite qui m’a mis à bas plus de quinze jours. Je n’ai pas le souvenir que ça ait jamais duré aussi longtemps. Ajouter à cela une nouvelle crise de goutte. Je fais le dos rond. Que va-t-il m’arriver maintenant ? Fin janvier j’ai dû faire une échographie des reins. Bon, tout est normal, mais ça secoue quand même. Rue d’Avelghem, ma grand-mère raccommodait les draps usés jusqu’à la corde. La nuit c’est bien souvent que le pied passait au travers du tissu, entre les ravaudages. J’ai l’impression d’être un vieux drap qui craque à côté des passefilures..

(…)

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mercredi 4 décembre 2024

Mardi 5 novembre 2024. 16h00

J’ai reçu l’agenda de la Pléiade 2025. Comme tous les ans. Et comme tous les ans, j’ai dit merci tout de suite au service de presse pour ne pas risquer d’oublier de le faire. Ce petit carnet de chagrin noir accompagne les griffonnages des jours de ma vie depuis bien trente ans maintenant. Je suis très reconnaissant qu’ils continuent de me l’envoyer.

Lundi 4 novembre 2024. 19h10.

Retour à Carolles. J'ai récupéré La Harpe chez Séverine. Victoria vient d'avoir vingt ans. Je lui ai envoyé un petit message à Montréal où elle suit des études de commerce. J’ai repensé au jour d’été, aux Margouillats, où elle avait libéré tous les papillons que j’avais capturés. Sauvés ! Elle a une joie de vivre à dévorer le monde entier, Victoria. J’ai remporté l’enchère à Lyon pour un petit volume de La Harpe (Jean-François, mon auteur du XVIIIe, pas la chienne à qui j'ai donné son nom). C’est un joli In 12 en maroquin bleu relié par Bozérian l’aîné (Jean-Claude), publié en 1792 chez Didot. Il contient Mélanie suivie des Muses rivales, du Dithyrambe aux mânes de Voltaire, de l'Épitre sur la poésie descriptive, du Camaldule, de la Réponse d'un solitaire de la Trappe à la lettre de l'abbé de Rancé et de poésies diverses. J’ai eu cet exemplaire en main la toute la dernière fois en 1979 ou 1980 à la bibliothèque de l’Arsenal, quand j’avais décidé de m’atteler à une biographie de La Harpe pour le diplôme de L’École pratique des hautes études. Daniel Roche, à l’époque, avait douché mon enthousiasme. Il existait déjà une biographie écrite par un universitaire américain (Alexandre Jovicevich avec qui d’ailleurs j’ai correspondu un moment), il aurait préféré que j’oriente mes recherches vers le cours de littérature que professait notre homme au Lycée. Toutes les pièces du volume sont de la période anticléricale de La Harpe. Après sa conversion de 1794, il va renier ses écrits philosophiques. Je ne serais pas étonné qu’il se soit employé à faire disparaître le plus possible d’éditions. Le fait est que l’ouvrage était introuvable. Jusqu’à cette vente. Comment dire que je suis vraiment content...

Dimanche 3 novembre 2024. 23h00.

Deux jours tranquilles. Bricolage dans l’appartement (installer une applique, rafistoler une tringle à rideaux). Marché d’herbes, de salade, de cèpes, de pieds de mouton, de pâté de canard en croûte, de perdreau, boulevard Edgard-Quinet. Nous avons fait les boutiques. Pour Apolline qui part en Inde passer Noël en famille, nous avons trouvé un joli carnet de notes en cuir à fermoir. Balades dans le quartier. Au Petit sommelier, le bar à vin "succursale" rue Daguerre du restaurant du même nom, avenue du Maine, Samira, la propriétaire de Tutto Bene, l’italien à l’angle de la rue Roger, qui prenait un verre avec son mari, nous a offert une tournée. Joyeusement bavardé un moment. Nous sommes vraiment chez nous. En avril prochain, cela fera quinze ans que nous avons emménagé rue Danville.

Vendredi 1er novembre 2024. 16h50.

Apolline a treize ans aujourd’hui. Son enfance la quitte doucement. Elle ne s’en aperçoit pas et nous plus. Moi non plus surtout. J’ai l’impression, avec elle, de n’être que gentil, seulement gentil, très gentil. J’aimerais tellement lui offrir davantage. Comment dire ? Être pleinement son parrain. C’est un rôle que je prends tant à cœur. J’en mesure l’importance et la gravité. Je ne l’ai pas toujours fait dans ma vie. J’ai pourtant déjà été parrain. D’Antoine, le fils de Pierre, l’ami si proche, si cher, de mon adolescence avec qui je récitais du Ferré à tue-tête. D’un autre Antoine (quoique, à ma grande honte, je ne sois pas si sûr du prénom), fils de Christine, la mère d’Aurélie, une copine de Marie en primaire. Perdus de vue. Je les ai gâtés, petits, avant de les oublier. Avant qu’on s’oublie. J’avais rendez-vous au Rouge limé, une brasserie du XIème avec Lanwenn Huon. Elle vient de reprendre le poste de Juliette aux pages de littérature française du Monde des Livres. Avant, elle travaillait à Critique la revue des éditions de Minuit. Nous avons parlé une bonne heure. Je lui ai fait toutes mes propositions de dernier trimestre : Un jardin pour royaume de Gwenaëlle Robert aux Presses de la Cité, Derrière la nuit, l’usine de Robert Piccamiglio à la Fosse aux Ours, Une conque à l’oreille de Nicolas Deleau chez Klincksieck, Spleen au lavomatique de Valère-Marie Marchand chez Héliopoles et Flânes dans la Nouvelle Athènes de Bénédicte Cartelier au Temps qu’il fait. Pas certain qu’elle puisse en retenir quelque chose tant il semble que les pages sont embouteillées. Quant à janvier, je n’ai rien vu pour l’instant qui m’intéresse.

jeudi 28 novembre 2024

Jeudi 31 octobre 2024. 19h30.

Amélie devait se faire enlever un petit naevus à la cheville. Je l’ai accompagnée chez le chirurgien (en ville comme on dit) avec qui elle avait rendez-vous en début d’après-midi. C’était vers l’École militaire, nous avons déjeuné à deux pas, aux Bons Garçons. D’avoir passé en revue avant-hier les restaurants que fréquentaient mes parents dans le quartier m’a fait souvenir que l’endroit s’appelait (bien) avant Chez Blanc. Décidément. L’intervention d’Amélie n’a pas duré longtemps. Elle n’est pas restée plus d’un quart d’heure dans le cabinet du médecin. Juste une ordonnance de désinfectant et de pansements. Vous irez vous faire enlever les fils chez une infirmière dans une dizaine de jours. 450 € quand même.

mercredi 27 novembre 2024

Mercredi 30 octobre 2024. 23h20.

Ce soir, c’était la représentation de La serva amorosa de Goldoni mise en scène de Catherine Hiegel avec Isabelle Carré. J’ai retrouvé Amélie au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Dans le bus (bondé) pour m’y rendre, j’ai reconnu Fabienne. Des années que nous ne nous étions pas croisés. D’ailleurs la dernière fois c’était déjà dans un bus. Et toujours au moment de descendre. Nous nous sommes connus à l’école de Service social à la fin des années 1970. Là-bas, alors que tous étaient occupés par la sociologie engagée et le militantisme, nous parlions psychanalyse. C’est ainsi que, chacun de notre côté, nous avons travaillé plusieurs années en santé mentale. Fabienne est devenue psychanalyste. Moi, j’ai hésité. Nous avions beaucoup de connivences, de complicités. Cela me ferait plaisir qu’on les retrouve un peu. Je n’ai pas changé de numéro de téléphone. – Moi non plus. Jolie soirée au théâtre. Nous avons ri. Il faudrait sortir plus souvent. Sur le chemin du retour, je traînais la patte. Toujours la goutte ou je ne sais quoi. Je ne parviens pas à me débarrasser de ces douleurs. Je pensais à ce chant de Noël : Beaucoup de gens vont en pèlerinage,/ Je veux y aller, j'ai assez de courage,/ Je veux y aller, si je peux bien marcher./ La jambe me fait mal,/ Boute selle à mon cheval.

Mardi 29 octobre 2024. 18h00.

Visite annuelle chez la dermato. Une nouvelle dame. Les deux dernières sont parties à la retraite. Son cabinet se trouve rue Saint-Dominique à l’angle de la rue de l’Exposition. Les fenêtres de la salle d’attente donnent sur la placette du Gros-Caillou et le restaurant La fontaine de Mars. J’aime beaucoup cette adresse bien qu’elle ait beaucoup changé depuis que j’y allais avec ma mère et mon père au début des années 1970. Je venais alors d’emménager dans un petit studio rue de Grenelle et mes parents, ma mère surtout, étaient contents que j’habite le quartier qui avait abrité leurs amours clandestines de peu avant ma naissance. La plupart des bistrots où ils allaient déjeuner ou dîner existaient encore. Ils m’y avaient emmené sans vraiment faire de commentaires, histoire juste, j’imagine, de renouer les fils d’une histoire dont j’étais, de toute évidence, le résultat. Mais celui que je préférais de loin était La Fontaine de Mars. J’y étais bien. Les nappes à carreaux, les menus polycopiés en violet et rouge, les œufs meurette, le cassoulet et le vin de Cahors. J’y suis retourné quelquefois depuis. Avec Amélie aussi. Bon, le temps a vraiment passé, même s’il reste un rien à quoi s’accrocher.

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