Je crois n’avoir jamais chroniqué qu’un seul titre de Jean-Paul Kauffmann, La chambre noire de Longwood, paru en 1997 à la Table Ronde, roman narratif de son séjour à Sainte-Hélène sur les traces de l’empereur déchu et exilé. Les traces. Ca m’avait happé à l’époque. Je suis hanté par la disparition. Je recherche sans cesse « ce qui reste ». A l’époque je m’étais senti immédiatement en cohérence, familier, avec cette quête. J’étais allé très vite à son texte précédent, L’Arche des Kerguelen. Cette manière de fondre le lointain et l’intime, l’histoire et les paysages, l’âpreté et une mélancolie douce, presque berçante, allait fouiller très profond chez moi. Depuis j’ai lu tout Kauffmann, dans la même proximité. C’est mon émotion que j’avais envie de faire passer dans la rencontre. Je savais qu’il travaillait à un nouveau livre davantage attaché à son enfance : la boulangerie familiale d’Ille-et-Villaine, la pension chez les pères de Sainte-Croix. Il sera publié l’an prochain, peut-être. Il hésite, prend le temps de laisser venir les sensations, les intuitions, leur réécriture. J’aime cette lenteur inquiète. Elle me rassure (sans doute un peu trop) sur mon propre compte. J’ai essayé de cheminer le plus délicatement possible dans son œuvre. Parlé de Venise et de Raymond Guérin, de vins de Bordeaux et de champs de bataille. Il y avait du monde. Les gens étaient visiblement contents. On s’est quittés presque à regret. Echangé téléphones et adresses. A bientôt ?