Mon parrain René m’a fait un cadeau. Cela doit être le premier. Je n’ai en effet aucun souvenir, enfant, qu’il m’ait offert quoi que ce soit. Ni qu’il m’ait emmené au spectacle, payé une glace ou un tour de manège. Le colis, qu’il avait annoncé sans dire de quoi il s’agissait, est arrivé tout à l’heure. C’est un guide Michelin de 1914. Comme je le remerçiais au téléphone, un peu perplexe, il m’a dit, comme s’il s’agissait d’une évidence : Ton grand père l’utilisait pour ses voyages comme chauffeur. Une relique. Me sont revenues des bribes d’histoire familiale dont je m’étais servi pour écrire le 16 rue d’Avelghem (comme Joseph conduisant la Delaunay de M. Masurel, l’industriel du textile). Sauf que je ne sais rien de lui, ou si peu. Et qu’aujourd’hui je ne fais plus la part des quelques anecdotes que m’avaient racontées ma mère et ma tante de ce que j’ai pu en échafauder pour le roman. Mais dans un carton, chez moi, avec quelques vieilles photographies, il doit y avoir son permis de conduire. Un des premiers délivrés dans le département du Nord.