J’ai écrit à Gabrielle pour savoir où elle en était de son lapin noir perdu dans l’avion et miraculeusement « retrouvé ». Dans une énigmatique lettre en espagnol que je lui avais adressée le mois dernier, l’animal lui donnait de ses nouvelles depuis le Mexique où il avait été recueilli dans une famille. Restait à Gabrielle, pour le récupérer, à appeler Camille, sa marraine, à Mexico. Elle devait (c’est le rôle des marraines dans les contes) débloquer la situation d’un coup de baguette magique. J’attendais juste le feu vert de Camille pour envoyer la bestiole, par la poste, à sa propriétaire. Mais j’ai le sentiment qu’il ne s’est rien passé. Gabrielle qui tenait tant à ce malheureux lapin, s’en fiche à présent. Elle a grandi. Bien vite. A sept ans, elle semble bien déjà ne plus croire aux hasards merveilleux. Et moi qui ai teint en noir une peluche marron, et qui ai inventé autour toute une drôle d’histoire, je suis triste, comme un enfant vieilli.