J’ai déposé la chienne à l’Arche de Léo. Elle y reste jusqu’à lundi. Et puis encore dix jours, après, au moment de notre séjour de Noël à Magagnosc. Je n’étais pas très à l'aise de la laisser, même pour peu de temps. Un petit pincement. Une inquiétude. Là-bas, elle n’est pas choyée comme chez Brigitte et Yann. Elle est « en colonie de vacances ». Et enfant, je détestais les colonies de vacances. Je suis ridicule. N’empêche, il s’est créé un tel lien de confiance entre cet animal et moi, si calmement, en silence, en solitude, que j’ai du mal à l’abandonner ainsi. J’ai passé la laisse à Eléonore, la jeune femme du chenil. La Harpe l’a suivie sans tourner la tête vers moi. Pourquoi diable voudrais-je qu’elle ait l’air de me dire au revoir ? Pourvu qu’il ne lui arrive rien. Oui, je suis bien ridicule. J'étais à Paris en fin d’après-midi. Retrouvé Amélie. Nous sommes allés à pied (belle balade !) jusqu’à la rue d’Auteuil où nous étions invités à dîner chez Lahlou, le compagnon d’Astrid. Il habite une maison au fond d’une cour d’immeuble, au bout d’un minuscule jardin protégé par une grille. Il a tout dessiné, aménagé lui-même, de manière très contemporaine, les niveaux, les volumes. Un feu crépitait dans la cheminée. Très jolie soirée. Il y avait là Isabelle (que j’allais revoir le lendemain à la distribution des prix à l’Académie) et Paul, « chasseur de têtes », à un haut niveau de recrutement, si j’ai bien compris, drôle et bavard. Astrid m’avait demandé d’apporter pour Lahlou un livre de cœur. Grâce à Amélie qui avait fait le siège d’un libraire d’occasion, j’avais pu lui dégotter une édition de Mort, où est ta victoire ? de Daniel-Rops. Le juste et l’injuste, le mal que l’on nous fait et celui qu’on croit avoir le droit de rendre, que l’on rend, le péché, les salissures de l’âme, et puis l’apaisement, l’absolue confiance. Comme j’ai aimé ce livre. Comme je l’ai lu et relu.