Levés tard. Nous avons fait quelques courses rue Daguerre. Déjeuné tard aussi. Traîné en début d’après-midi. Nous sommes passés chercher Louise (toujours à pied) rue de Chambéry. Il y a déjà un moment que j’avais pris des places pour le Tartuffe, avec Michel Bouquet, au théâtre de la Porte Saint-Martin. En l’absence de Bourgeois gentilhomme (elle avait très envie de voir la pièce), je m’étais rabattu sur ce spectacle moins évident, peut-être, pour elle. Mais, tu verras, Bouquet est un très grand acteur. Un très vieil acteur de fait. ll a quatre-vingt-douze ans. Pourvu qu’il ne meure pas en scène !, pouffait Louise. La salle était pleine. Derrière nous, un couple d’imbéciles, poussait de tonitruants soupirs, à chaque fois que Louise, à l’oreille, me chuchotait : Qui c’est lui ? – Orgon. - Et lui ? – Valère, l’amoureux de Marianne. La mise en scène, il faut le reconnaitre, était un peu confuse et le jeu des acteurs un rien… excessif. Tout était tourné vers Bouquet, porté, soutenu, et assez admirable. C’est dansTartuffe (il y jouait Damis) qu’il avait eu son premier rôle en 1944. Comment ne pas y penser ?