J’ai du courrier en retard. Mais il sont tellement peu ceux qui répondent que je me demande si je n’embête pas en fait mes correspondants avec ma paperasse manuscrite. Je me suis quand même fendu d’une lettre à Gabrielle à qui j’avais arraché la promesse, maintenant qu’elle apprenait à écrire, qu’elle m’enverrait quelques lignes chaque semaine. Je n’ai rien reçu, j’allais dire évidemment. En belles rondes, attachées, je lui ai raconté le désespoir de la factrice qui, tous les jours, en me remettant le courrier disait en écartant tristement les bras : Hélas, pas de nouvelles de Gabrielle ! Je ne suis pas très optimiste quant au résultat de ma manœuvre. Tant pis. Je continuerai quand même à disperser mes graines de correspondance. Même si c’est en terre bien aride.