J’ai déjeuné avec Géraldine aux Petits plats, rue des Plantes. De quand datait notre dernière rencontre ? J’essayais de compter. Trois ans ? Cinq ans ? Trop en tout cas. Je ne fréquente plus grand monde. Je me suis progressivement éloigné de Paris, n’y revenant que très épisodiquement. Ainsi, je ne vois plus guère les attachées de presse des maisons d’édition. Mal à l’aise aussi de plus pouvoir leur dire grand chose sur l’éventuelle parution d’un papier. Oui, j’ai aimé tel livre. Oui, je l’ai proposé. Mais après, cela reste bien aléatoire, et dans le temps, et dans la réalité. Cela m’attriste ces relations distendues. Je connais nombre d’entre elles depuis que j’ai commencé à faire ce métier. Au-delà de la littérature et de l’édition, nous avons partagé pas mal des « choses de la vie ». Et il en est que j’aime vraiment bien. A qui je dois beaucoup. Nous avons fait un peu traîner le déjeuner avec Géraldine, entre les bonnes et moins bonnes nouvelles. Le temps passe, simplement. Alexandre, son fils va avoir quatorze ans. Elle vient de se séparer d’avec Vincent. Je leur avais prêté la maison l’été 2006. Ils étaient revenus tous les trois un week-end, quatre ou cinq ans plus tard. Au jardin, contre le mur de derrière, le rosier Pierre de Ronsard qu’ils avaient apporté alors fait de grosses fleurs tombantes dans le fouillis de la vigne, des ampelopsis, des passiflores et des gesses. Il pleuvait comme nous nous quittions. J’ai pris un taxi pour aller embrasser Nicole chez Caractères. Je suis reparti avec plusieurs exemplaires de mon Herbier, barrés du bandeau rouge « Prix Paul Verlaine 2017 ».