J’ai posté à Nicole deux petits mots d’accompagnement à Delphine Chaume et à Jérôme Garcin pour l’envoi presse de l’Œuvre complète de Bruno Durocher. Car ça y est, le dernier tome est enfin sorti de l’imprimerie. Après le volume de poésie À l’image de l’homme paru au printemps 2012, celui de prose Les mille bouches de l’homme en 2013, Métamorphoses de l’homme rassemblant son théâtre et ses essais en 2015, Les visages de l’homme est l'album chronologique de sa vie et de sa carrière littéraire. Illustré de photos, de lettres, de documents officiel : fragiles et émouvants témoins de papier. On y suit son douloureux périple, sa jeunesse dans les camps, son existence ensorcelée de mauvais rêves, franchie au gué de ses révoltes, ses insensés espoirs. Cela fera presque dix ans que Nicole m’a demandé d’assurer avec elle la direction de cette publication. Je m’en étais fait un devoir heureux. Manière d’être quitte, un peu, de cette main tendue de Durocher à mes poèmes de jeune homme de dix-sept ans. Pour Nicole c’est un soulagement et en même temps la fin d’un long deuil et le commencement d’une vraie séparation. J’ai pris le train de Nice gare de Lyon. Pas beaucoup travaillé pendant le voyage. Comme souvent, je me suis laissé happer par le paysage. Traversée de la France. Le blé est en herbe dans les champs. J’ai pensé aux Rogations. Mais bénit-on encore la terre ? Amélie m’attendait en gare d’Antibes. Retrouvé Claire et Emmanuel aux Margouillats pour trois jours.