J’ai prévenu Mme Bassard de mon départ, déposé La Harpe chez Brigitte et Yann. La chienne a compris que je partais pour un moment quand elle m’a vu embarquer dans la voiture son panier et son sac de croquettes. Un rien inquiète. Mais sa réserve interrogative a fait place à une joyeuse excitation dès qu’elle s’est rendu compte de la destination. Il faut dire que là-bas, pour elle, c’est le paradis domestique. Toute la maison lui appartient. Pas une pièce où elle ne puisse aller fourrer son museau. Elle n’essuie jamais la moindre remontrance. Yann la balade deux fois par jour, lui refile des tartines beurrées sous la table. Bref, il la caresse dans le sens du poil. A côté, je suis un tortionnaire. Déjeuné (mal, mais c’était sans surprise) au café de la gare à Granville. J’ai lu dans le train Outre-Terre de Jean-Paul Kauffman, son voyage en Russie, en 2007, sur le site de la bataille d’Eylau. Il aime, dit-il, aller voir quand il n’y a rien à voir. Comment mieux exprimer qu’il s’agit de la meilleure manière pour tout découvrir… Trajet à pied jusqu’à l’appartement. Les tilleuls de la rue Froidevaux étaient verts d’une multitude de bourgeons.