J’ai laissé La Harpe à l’appartement. Pas question de l’emmener à la remise du prix littéraire du Monde. Amélie m’avait poussé par derrière, tiré par devant, pour que je m’y rende. Il faut te montrer ! L’événement avait lieu en début de soirée à la Fondation Jérôme-Seydoux, cette grosse coquille de verre imaginée par Renzo Piano (l’architecte du Centre Pompidou) dans cet ancien Théâtre des Gobelins dont il ne reste plus que la façade sculptée par Rodin (elle a été heureusement classée). Je me suis « montré » comme j’ai pu. Poignées de mains, embrassades. Mais je me sens loin aujourd’hui de ces convenances avec lesquelles je m’accomodais si bien pourtant. C’est sans doute que je vis trop à l’écart, que je me suis ensauvagé. Plus de conversation, plus de répartie. Je me suis assez ennuyé. Et j’ai bien peur que cela ne soit pas passé inaperçu. Le moment drôle pourtant a été quand Alice d’Andigné, l’éditrice de chez Stock, et Luc Lang sont venus me remercier chaleureusement pour mon papier sur Au commencement du septième jour. Sauf que ce n’était pas moi qui l’avait écrit, mais Florent Georgesco. J’ai été tenté un très bref instant de faire durer le quiproquo. Ce n’aurait pas été gentil… Le prix a été remis à Ivan Jablonka pour Laëtitia, au Seuil. Je suis passé récupérer la chienne. Aucun dégât à la maison. Décidemment, elle devient sage.