Amélie a repris le train en début d’après-midi avec Gabrielle et Antoine. Elle était arrivée jeudi soir avec eux. Un bien court séjour dans lequel Gabrielle aurait voulu condenser tout ce qu’elle appelle les bons souvenirs d’ici. Construire des chateaux de sable sur la plage, faire des tours de manège, manger des homards, cuire des gâteaux, installer le théâtre de marionnettes, jouer au jeu des sept familles, écouter des histoires, promener La Harpe… Laquelle la suivait partout d’ailleurs, lui reconnaissant ainsi un statut incontestable de « petite maîtresse ». Antoine, lui, était un peu plus réservé avec elle. Dès que la chienne l’approchait, il poussait de petits cris : A peur, a peur. Ce qui ne l’empêchait pas d’essayer de lui refiler en douce, depuis sa chaise haute, tout ce qui ne l’intéressait pas dans son assiette (pas mal au total)... Nous avons passé de jolis moments avec tous les deux. Mais j’ai trouvé les enfants fatigués, un rien grognon. La faute peut-être aux incessantes disputes de leurs parents. Depuis des années maintenant, Marion et Jérôme s’épuisent en vaines et empoisonnées querelles. J’ai essayé plusieurs fois de les aider comme je pouvais. Je crains que ma bonne volonté les ennuie plus qu’autre chose. Mais si seulement ils pouvaient comprendre, chacun, qu’ils n’ont qu’une vie et que ce n’est pas en gâchant celle de l’autre, ni en troublant celles de ceux qui les aiment qu’ils l’accompliront…