C’est résistant les impatiens. Les impatientes plutôt (je préfère le nom vernaculaire). J’en ai planté deux gros pots côté cour à Paris au mois de mars et elles prolifèrent malgré l’ombre, la poussière et le manque d’eau. Je les arrose quand j’y pense, c’est à dire pas souvent. A chaque fois que j’inonde leur terre desséchée, j’ai des remords et je prends des résolutions. Comme pour le reste… Déjeuner avec Brigitte Bouchard à l’Oenosteria. Sur le chemin, à quelques mètres, dans la rue Grégoire-de-Tours, j’ai changé de trottoir. Assise à la petite terrasse de la Casa Bini, j’avais aperçu Colombe Pringle. C’est elle qui m’avait fait mettre à la porte de Point de Vue en 2004. Elle venait d’y être nommée directrice de la rédaction. Grande bourgeoise infatuée, inculte. J’ai pourtant une chance pour les mauvais souvenirs. D’ordinaire, ils s’estompent. Là, ils sont restés vivaces et douloureux. Je lui dois ma précarité actuelle et une bonne part de mes ennuis de santé. Pierre Dac disait, si je me souviens bien, que la justice immanente est rarement imminente. Il a raison. Mais ce n’est pas grave. J’y crois. Et j’attends tranquillement. J’ai été faire un tour au Marché de la poésie. Passé embrasser Jeanine sur le stand de sa Fondation Maurice Carême. Tu sais, je vais avoir nonante ans… Elle sourit. Heureuse au milieu des livres de son grand amour, de son grand homme, dont elle porte l’œuvre à bout de bras. Je suis allé voir Nicole chez Caractères. Toujours accablée de soucis. Toujours vaillante. Pris rendez-vous à la fin du mois avec François, le stagiaire graphiste qui va mettre en pages le projet de mon Herbier. J’ai commencé à ranger l’appartement (Gabrielle arrive demain pour passer le week-end). Avant de retrouver Amélie à la terrasse du caviste de la rue Daguerre. Toujours ce battement au cœur quand je la vois arriver au loin.