Je suis allé chercher Gabrielle à Saint-Cloud. Au départ, la jeune fille qui s’occupe d’elle n’était pas disponible ce mercredi. Mais dans la semaine qui précédait, Gabrielle a attrapé une grosse bronchite. Et son frère aussi. Véronique, la mère de Marion, est alors montée de Willems, dans le Nord, pour les garder. La veille, j’avais appelé Jérôme : Alors, elle est guérie ? Je viens toujours ou pas ? – Elle est en pleine forme et elle t’attend ! Nous avons quand même fait le trajet vers Paris en taxi. Pas question qu’elle prenne froid. Dans la voiture, elle babillait, me racontait une foule d’anecdotes sur son école, ses copains. Et se laissait déborder par son plaisir de raconter au point qu’à un moment elle inventait manifestement au fur et à mesure. C’est vraiment vrai, ça ? – Mais non, c’est pour rire… Pizza, cinéma (sa toute première séance…). Il n’y avait pas grand choix pour les 3/4 ans. Je m’étais rabattu sur La grande aventure de Maya l’abeille, un film d’animation, euh, comment dire ? Une petite abeille veut découvrir le monde à l’extérieur de la ruche et se lie d’amitié avec un frelon de son âge alors qu’abeilles et frelons sont réputés être ataviquement ennemis. Parallèlement l’intrigue se noue : l’ambitieuse suivante de la reine cherche à lui ravir sa place et veut déclarer la guerre aux frelons. Heureusement Maya et son ami, aidés de tous les insectes de la prairie vont empêcher le désastre. Moralité : vive la tolérance, à bas les préjugés. Tout le monde doit pouvoir vivre ensemble. Le film s’achève d’ailleurs par l’arrivée de nouveaux insectes venus d’on ne sait où et que l’on se prépare à accueillir avec enthousiasme. L’histoire ne dit pas s’il s’agit en fait d’une armée de mantes religieuses. Bon… Cette bien pensante bien-pensance de l’air du temps ne l’a pas vraiment troublée. D’ailleurs les subtilités du film lui sont, je crois , un peu passées à côté. L’essentiel étant qu’elle ait compris que : Au début, c’était plutôt triste, mais, à la fin tout le monde est content et chante. Nous remontions la rue d’Odessa à la sortie du cinéma quand la voilà qui tombe en arrêt devant la vitrine d’une boutique de lingerie chic et qui s’extasie devant les culottes rouges en dentelle et les soutiens-gorges pigeonnants. Comme c’est beau !, s’écrie-t-elle. J’en veux. Et de se reprendre aussitôt à voix plus basse : J’en voudrais, s’il te plaît. Je l’ai ramenée dans sa lointaine banlieue après la sieste. J’ai retrouvé Amélie là-bas. Marion et Jérôme nous avaient invités à dîner avec Antonie et Vincent. Dîner « familial ». Pot-au-feu et saint-joseph.