Virginie nous envoie de Mexico depuis un certain temps des commentaires de L’évangile écrits par Fray Marcos. Je n’ai pas bien compris s’il s’agissait de textes du moine explorateur franciscain (le frère Marc de Nice) parti au Pérou avec Pizarre et mort au Mexique vers le milieu du XVIe siècle ou bien de ceux d’un ecclésiastique contemporain qui aurait symboliquement pris son nom. Ou qui serait juste homonyme. Son interprétation de la Parole est en tout cas d’une grande justesse et d’une vraie simplicité. Cette fois-ci, il s’agissait de la Parabole des talents comme la rapporte Matthieu. Nous en avions parlé longuement Virginie et moi un matin à Ixtapan. Il y a deux ans, je crois. J’ai toujours trouvé ce message, qui parle du sens profond à donner à nos vies, effroyablement exigeant. Parce qu'il ne nous laisse pas la moindre possibilité de transiger. Il nous commande de nous engager. De prendre des risques. Et nous met face à notre responsabilité d'aller au profond, à l'essentiel. Moi qui ne cesse de me débattre avec ma peur, mon incapacité à faire, je crains d’être le mauvais serviteur qu’on jette dehors, dans les ténèbres, là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Mais la parabole, dit Fray Marcos, parle surtout de la nécessité d’aller vers ce qu’on a du mal à concevoir. Et le péché serait de refuser d’avancer, de chercher, d’explorer. Nous avons dîné, rue Campagne-Première, au Cette, avec Françoise-Marie et Delphine. Nous ne nous étions pas vus depuis des mois. Entre-temps, elles se sont mariées. Françoise-Marie a été nommée à la direction de la rédaction de Elle. Et elles vont déménager. Une nouvelle vie en quelque sorte. Nous leur avons offert deux pieds de vigne. Des raisins de table, chasselas rose et Italie blanc, à planter dans leur maison de Villerville.