Amélie avait rendez-vous ce matin avec Laurent Beltoise et sa femme pour un petit papier dans le bulletin municipal. Elle est revenue enchantée de la rencontre. Tous les deux ont de beaux projets pour l’endroit. Leur carte s’annonce intelligente et inventive, respectueuse des produits locaux. Ils vont ouvrir en décembre. Les week-ends pour commencer. Grand professionalisme, simplicité et vraie gentillesse. Décidemment l’auberge ne pouvait pas avoir de meilleurs « repreneurs ». A la mairie, on est, paraît-il en train de réfléchir à un nouveau « logo » pour Carolles. Le débat de l’instant étant, si j’ai bien compris, d’y faire figurer ou pas le Mont-Saint-Michel. Tu en penses quoi ?, m’a demandé Amélie. Moi, rien que l’idée de la création d’un « logo » me hérisse. A quoi cela sert-il ? A banaliser un peu plus les choses tout en ayant l’illusion de se distinguer, d’imprimer une marque particulière… Tout a un « logo » aujourd’hui. Les villes, les administrations, les lycées, les collèges, les sociétés de pompes funèbres, les instituts de beauté et les marchands de conserves. Et pour rien. Triste analphabétisme de nos contemporains qui ne veulent plus (ou a qui on le fait croire) que des images. La véritable originalité serait simplement de travailler sur la typographie (police, taille, graisse, couleurs) d’un en-tête. Et si l’on tient absolument au symbole graphique, et bien il y a l’héraldique. Carolles a son blason. Et même deux blasons. Le premier (et probablement le plus « authentique ») : taillé d’azur et de sinople, à la cotice en barre d'argent brochant sur la partition, à cinq fers à cheval d'argent ordonnés trois et deux, brochant sur le tout. Le second (plus « balnéaire ») : d'azur à la nef équipée et habillée d'argent voguant sur des ondes du même, au chef de gueules portant un léopard d'or. Il y a donc même le choix. Mais l'un ou l'autre, ça aurait de l’allure au moins…