Nous avons mal dormi. Hier dès l’après-midi on entendait déjà les vibrations sourdes des basses des beuglants débordants d'on ne sait quelle fête. Puis d’une autre… Ce devait être un samedi noces et banquets. Cela s’est poursuivi assez tard. Et pire. Un peu avant cinq heures du matin, dans le chemin, les occupants de l’une ou l’autre des deux maisons récemment contruites, revenant sans doute de ces réjouissances bruyantes, se sont offert des after en mettant la musique à plein volume. Je sais, la grossièreté est devenue ordinaire. J’ai pensé à la quiétude fracassée dont parle Jean-Michel Delacomptée dans son Petit éloge des amoureux du silence. Nous sommes allés chercher le pain et les journaux au bourg. La journée s’est échappée à toute allure. Se laissant dévorer de ce rien d’angoisse des dimanches. De retour de la gare où j’avais accompagné Amélie au train, je me suis arrêté sur la crête, après Granville. J’avais le cœur vide, vide, vide.