Marie a trente ans aujourd’hui. J’espère qu’elle aura reçu à temps le petit mot que je lui ai envoyé. Je l’appelerai dans la soirée. Elle travaille toute la journée. J’ai été faire un tour jusqu’à la grève. Me suis laissé prendre par les souvenirs de cette journée de 1984. La maternité de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul où est née ma fille a fermé fin 2011. Le reste a suivi. Les entrées aujourd’hui sont murées. Que vont devenir les bâtiments XVIIe ? La chapelle de la Trinité avec sa rosace ? La mairie de Paris veut installer là-bas un « éco-quartier ». Il y a de quoi être inquiet. Alain Jaubert que j’avais rencontré à une terrasse rue Daguerre au début de l’été m’avait dit qu’on pourrait peut être récupérer les rosiers restés dans la friche, avant que tout cela soit livré aux démolisseurs. Je crois qu’il existe une rose ancienne « Marie », du milieu du XIXe. Rose vif. Je ne sais plus où j’ai lu ça. Il faudrait retrouver le nom de l’obtenteur. A défaut de rosiers rescapés de la maternité, je pourrais peut-être en installer un plan ou deux au jardin. Jean-Pascal est venu me chercher pour aller au marché. Depuis plus de deux mois maintenant, il y a en effet un vrai marché à Carolles, dans la rue principale. J’ai fait le plein de tomates, de fraises. Acheté des pâtes fraîches. Des homards et des vigneaux. Des salicornes. Du pâté de campagne à la camionnette de chez Le Blanc. Viens déjeuner à la maison, m’a dit Jean-Pascal. J’ai pris un bouquet de dalhias pour Simone au vieux couple d’horticulteurs anglais qui vend des plantes un peu « rustiques » en pots. A Coquelonde, Agathe et Margaux étaient installées au bout du jardin avec leurs sandwiches pour regarder passer les cavaliers de l’épreuve d’endurance des Jeux équestres mondiaux. En contrebas, par intervalles, on entendait : cataclop, cataclop… Une poignée de badauds était perchés sur le pont de la route de la Mazurie. Nous étions dans la cuisine à boire du montagny pendant que s’ouvraient les moules dans la cocotte. Nous ne sommes pas allés voir.