Marion a appelé. Ca tient toujours notre déjeuner ? J’étais en plein dans ma chronique de Next pour Octobre. Ca ne te dérange pas de venir près de chez moi ? Nous nous sommes retrouvés Aux enfants gâtés, rue Danville, à deux numéros de l'appartement. Je me sens bien dans ce tout petit restaurant. Au fond, quand c’est possible, je devrais donner mes rendez-vous là. Marion m’a laissé les épreuves de Ma mère rit de Chantal Ackerman qui paraît au Mercure mi-octobre. Et ta chronique, c’est sur quoi ? Je parle de Robert Marteau. Il y a un colloque de trois jours du 9 au 11 à Pau. Grand écrivain que Robert Marteau. Mort il y a deux ans et toujours tellement ignoré… Champ vallon vient de publier Ecritures, un nouveau tome de son « journal en sonnets ». A la date d’aujourd’hui, en 2002, il écrivait : L’automne roux et fauve approche corrodant/ La fougère et le châtaignier. Dans le bouleau/ Il vient changer en or le feuillage où le vent/ Se complaît. C’est la saison des châteaux de brique/ Dont les toits mouillés, au-dessus de la bruyère,/ Brillent de loin sous la lune ou dès que l’aurore/ Dans l’herbe répand les débris de la rosée./ On entend frapper du bec aux portes ; les cris/ Se répercutent jusqu’aux sommets où s’enroulent/ Les nuages venus de la mer. Les sentiers/ S’ouvrent aux bêtes qui flairent la proie. En teintes/ Les couleurs de l’été consentent à survivre/ Et sur la fleur mauve un papillon bat de l’aile/ Parce que de plus en plus la terre s’incline.