Je n’en peux plus de mes nuits à mauvais rêves. Ce ne sont pas des cauchemars, non, mais d’interminables et absurdes quêtes qui me laissent épuisé au matin. Je connais tous les paysages, tous les lieux, qu’elles traversent. De larges allées de sable mou tracées dans des reboisements de pins, des maisons abandonnées au milieu des dunes, des chemins qui se continuent dans des dédales de propriétés, de jardins, des clôtures à franchir, des escaliers vertigineux, sans rambardes, accrochés au flanc des immeubles, des sous-sols suitant d’eau, des cimetières. J’y étais encore, tiens, dans un de ces cimetières. Un comme les Batignolles où le périphérique fait une chape grondante sur les sépultures, entre Clichy et Saint-Ouen. Un cimetière à couvert. J’errais parmi les monuments gris d'épaisse poussière à la recherche de la tombe d’un enfant. Je finissais par la trouver, sale, jonchée de débris de couronnes. Mais je ne la reconnaissais pas vraiment. Comment m’étais-je retrouvé là ?