J’ai déjeuné avec Laurence dans ce restaurant niçois du XIe où nous étions déjà allés ensemble. A chaque fois, j’ai l’impression que nous rembobinons la pelote pour la dérouler avant, plus avant encore. Nous recommencerons plus tard. On en était où déjà ? – Je ne sais plus… Mes histoires de santé, les nouvelles de Jean-Marc, nos livres, le mien qui ne bouge pas, son prochain qui doit paraître aux Busclats, sa rupture avec Frédéric, Gaïa et Josepha, le Sud, les voyages. Nous parlons beaucoup. En fait nous ne nous racontons pas grand chose. On effleure, et c’est comme si l’autre avait tout compris. Il faudrait sans doute qu’on se voie davantage, mais finalement j’aime bien cette complicité de la retenue. Il faut prendre le temps... C’est ce qui nous rapproche. J’ai marché jusqu’à l’Arsenal. Pris un bus de l’autre côté du pont de Sully. Florence a téléphoné. Les papiers que je devrais écrire sur Viva la musica ! d’Andrés Caicedo, Le bruit des choses qui tombent de Juan Gabriel Vasquez et 35 morts de Sergio Alvarez vont être intégrés dans un « ensemble » au prétexte que plusieurs livres d’auteurs colombiens sont parus cette rentrée. Pas vraiment de lien entre tous ces textes, mais ça a l’air de ne gêner personne. Et il faudrait rédiger aussi assez vite un état de la littérature colombienne aujourd’hui. Une enquête… - Tu n’as pas le temps ? Tu ne connaîtrais pas quelqu’un qui pourrait s’en charger ? J’ai donné les coordonnées d’Ernesto Machler. Pas sûr qu’il soit contacté. Je suis las de tous ces bricolages. Je suis toujours demandeur, toujours en attente, m’agitant pour gratter les quelques centaines d’euros de mes fins de mois. Comme je suis fatigué…