C’était les premières saint-jacques au marché de Granville. Enfin, nos premières saint-jacques. Nous devrions faire des vœux. Pour Martine, Jean-Pascal et Agathe qui venaient déjeuner, je les ai cuisinées aux lardons. C’est très simple et c’est très bon. Il faut juste faire revenir à sec une poignée de dés de lard de poitrine fumée dans une poêle, ajouter les noix de saint-jacques à la dernière minute. Poivrer beaucoup, saler à peine et lier à la crème. A la fin du repas, Agathe nous a imité les profs de sa classe de sixième. Petits travers, vieilles manies. Elle a du talent. Nous avons beaucoup ri. N’empêche, je me demande comment elle vit tout cela vraiment. Je garde profond en moi ce malaise de l’entrée au collège. Cette façon qu’il y avait de toujours devoir faire semblant. J’espère de tout cœur qu’elle ne se collette rien de semblable. Après-midi de rangement. J’ai relu des notes pour mon livre. Décidemment ça ne s’enclenche pas. Annick et Norbert sont venus à la maison nous livrer nos « oursins granvillais ». Vous resterez bien dîner ? Nous avions acheté des cèpes au marché ce matin et Jean-Pascal nous en avait apportés quelques-uns de sa dernière cueillette dans les bois de Saint-Michel-des-loups. Je les ai émincés. Amélie en a mis une partie au four juste posés sur un disque de pâte feuilletée. Et nous avons enchaîné avec une omelette. Tout le monde s’est régalé sauf Annick qui n’a touché à rien ou presque. Depuis que Norbert il y a quelques années s’est gravement intoxiqué avec des champignons, elle en a la terreur. Mais pas moyen non plus de lui faire accepter autre chose. D’ailleurs, je n’ai pas faim. Norbert, de son côté, avait visiblement oublié son accident micophage.