Nous avons pris le train tôt dans l’après-midi. Deux semaines que je ne suis pas venu à Carolles. Pour Amélie cela fait presque un mois. A un moment il devient presque difficile de partir. Je me souviens du « proverbe » que Rohmer avait mis en exergue de ses Nuits de la pleine lune : Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd la raison. Nos trajets traînent des valises pleines du fatras qu’on croit indispensable. J’embarque des livres et j'éparpille du travail en retard qui s’entasse dans mon bureau avant de repartir en sens inverse. Toujours cette sensation ne pas se poser vraiment. On ne sait plus où l’on habite. A chaque fois, il semble qu’il faut, pour comprendre, passer une soirée, une nuit. Avoir un réveil. J’ai ratissé les feuilles mortes. Amélie a allumé un feu. Nous réapprivoisons les lieux.