J’ai acheté mon nouvel ordinateur sur internet. On me le livrera la semaine prochaine. C’est Mathieu qui m’a indiqué l’affaire. Je crois qu’il était temps. L’autre devenait de plus en plus défaillant. Il faut que me dépêche de sauvegarder mes textes et mes photos avant qu’une vraie panne ne l’emporte, évanouissant tout. J’ai préparé mes cours pour demain. Corrigé les travaux des étudiants. J’ai été chercher Amélie place Paul-Painlevé. Marie-Hélène Lafon faisait une lecture des Pays et d'Album juste à côté, dans le sous-sol de la librairie Compagnie. Nous sommes allés l’écouter. Il y avait là une quinzaine de personnes. Des lecteurs attentifs, religieux. Méritants aussi, j’ai trouvé, car le libraire n’avait rien fait pour que cette rencontre soit chaleureuse. Pas un verre à la fin pour rassembler les gens. Pour continuer ensemble la conversation. Pas un mot proche. Pas de joie simplement. Je me sentais gêné. J’ai été embrasser Marie-Hélène. J’avoue que je ne comprends pas bien. J’en connais, et beaucoup, des librairies à cœur ouvert, comme celle que tenait Mme Fiévet, à Senlis, dans mon enfance. Des librairies accueillantes, patientes. Vivantes. Où l’on aime l’amour des livres. Il en est d’autres, comme celle-ci, sèches d'indifférence, où aujourd'hui encore, seul, je n'ose pas entrer.