J’ai pris le premier train pour Granville. Levé tôt. Mais c’est sans importance. Je dors mal en ce moment ou plutôt, je me réveille en sursaut sur le coup des cinq heures du matin, secoué par les angoisses. Je n’avais pas envie de partir. Pas envie de quitter Amélie. Je vais à Carolles une longue semaine pour essayer de travailler. Les papiers pour Le Monde, les rencontres que je dois animer bientôt à Guéret et à Gradignan et puis me remettre à ce livre qui me fait comme une ligne d’horizon. Inatteignable, à jamais. Je n’ai pas eu de nouvelles de Jean-Marc à qui j’ai écrit mes difficultés il y a quelques semaines. Il a d’autres soucis en ce moment. Fait trois courses en arrivant au marché de Saint-Pair. Acheté à tout hasard une sole pour Georgette. Tu as bien fait. Elle revient juste d’une petite balade dans le bourg. Contente. J’ai rencontré plein de monde : les Sévin, Mme Corbesier, Mme Fraboulet... Il fait un temps magnifique ici. Plein été d’arrière-saison. A la maison, le jardin est jonché des premières feuilles mortes. L’élagueur d’EDF est passé dégager le cable électrique empêtré dans les branches du grand sapin. Coupez le moins possible s’il vous plaît. J’ai vidé ma valise. Essayé de mettre un peu d’ordre dans les affaires. Tous les livres que j’ai apportés. Et puis le courrier, les factures à payer. Norbert a téléphoné. Il veut m’inviter à dîner. Tu es tout seul, non ? J’ai traîné l’après-midi de bricole en bricole : ramasser les pommes tombées, couper les phlox fanés, installer les fossiles sur les nouvelles étagères que le menuisier a posées dans le couloir… Je suis parti chez Annick et Norbert au soleil rasant. Soirée calme. Comme ils sont gentils ces deux-là…