J’ai parlé un moment à Laurence au téléphone. On ne s’était pas donné de nouvelles depuis juin. Elle a passé un été un peu mouvementé. Des voyages lointains. Des choix compliqués aussi. Je suis apaisée maintenant, dit-elle. Elle s’est engouffrée dans la rentrée avec une confiance et un enthousiasme que je lui envie. Elle n’a que des projets et des jours occupés. Et toi ? Oh, j’aimerais tant avoir des choses à répondre. J’ai l’impression d’enrouler les heures inutilement en pelote serrée. J’ai envoyé les quelques photos retrouvées de l’oncle Albert à Françoise. Pas su bien quoi écrire dans le petit mot d’accompagnement. Affectueusement… C’est ce qui sonne le plus juste ici dans ces relations de famille sans souvenirs en commun. J’ai reçu un message d’Annabelle. Elle entre à l’EFAP à Lille en octobre. C’est vrai qu’elle va avoir vingt ans au début de l’an prochain… Elle est déçue qu’on ne s’écrive plus. Je voulais te le dire. Ca me tenait à coeur depuis longtemps. J’ai cessé la correspondance avec elle il y a un moment. Je m’en suis retenu en fait. Parce que j'avais peur de l'embêter. Je me disais que sa jeune vie devait tellement l'occuper qu'il ne restait guère de place pour les petits morceaux de nostalgie et les nouvelles sans importance. Du coup elle s’est sentie un peu abandonnée. Comme j’ai été bête. Amélie est passée me chercher. Nous avions rendez-vous pour dîner avec Marianne à la Réparate, le restaurant niçois de la rue Saint-Sabin. L’occasion de lui donner l’érable du Japon que Jean-Pascal avait choisi pour elle. Tu n’oublieras pas de lui dire qu’il s’agit d’une variété « seedling », obtenue à partir d’une graine. Bon : acer palmatum seedling. J’ai répété la leçon.