Jean-Pascal m’a fait un beau cadeau de retour de Bourgogne. A la fin de leur séjour, ils se sont en effet arrêtés à Saint-Point, là où se trouve le château de Lamartine et son tombeau. J’y étais passé, après un reportage à Mâcon, il y a une quinzaine d’années. A l’époque, j’avais cueilli, tout contre la chapelle funéraire, un petit rameau de buis que j’avais glissé dans mon exemplaire des Harmonies. Depuis l’enfance, la poésie de Lamartine me bouleverse, au point que ma voix se casse encore quand je la lis tout haut. Et tout disparaissait ; et mon âme opressée/ Restait vide et pareille à l’horizon couvert… J’avais demandé à Jean-Pascal : Tu me ramènerais quelque chose ? Il est venu avec un arbrisseau minuscule cueilli dans une infractuosité de la pierre du monument. Probablement un érable champêtre. Je l’ai rempoté immédiatement. Déjeuner de retrouvailles. Les homards étaient réussis. Faute de trouver une recette, j’avais dû improviser un civet rapide. Dans le faitout, juste rendre translucide au beurre une grosse poignée d’échalotes et quelques oignons. Y faire fondre cinq ou six pommes en quartiers (j’avais les premières tombées de l’arbre) et de la poitrine fumée en lardons. Réserver. Monter le feu. Jeter les homards, coffres coupés en deux, pinces brisées et queues en tronçons. Quand ils ont pris de la couleur, flamber au calva. Recouvrir de cidre. Remettre les échalotes, les oignons, les pommes, les lardons. Laisser mijoter un quart d’heure. Retirer les morceaux de homard et les tenir au chaud. Ajouter le corail et une grosse cuillèrée de crème fraîche à la sauce. La passer. En napper les homards. Le repas s’est étiré un peu, à l’ombre du sapin. Vers les six heures, j’ai accompagné Amélie à la gare. Nous étions en avance. J’avais voulu partir plus tôt à cause de la brocante (la foire aux melons ?) qui occupait tout le haut de Granville. Nous sommes restés longtemps sur le quai. Cette semaine, tu recommences à écrire ? - Appelle-moi quand tu arrives à l’appartement…