Déjeuner Aux tonneaux des Halles avec le jury du prix populiste. Retrouvé Philippe Haumont, Michèle Lesbre, Natacha Boussaa, Joseph Da Costa, Nicky Fasquelle. Et aussi, cette fois-ci, Valentine Goby et Michel Quint. A l’ordre du jour, une fois de plus, le changement d’intitulé. Plus grand monde en effet aujourd’hui n’associe le populisme à l’école littéraire « néo-naturaliste » de Léon Lemonnier. Le prix devrait donc à l’avenir porter le nom d'Eugène Dabit, premier lauréat en 1931 pour Hôtel du Nord. Ca me plaît bien : avec Dabit, je me sens en pays de connaissance… Mais, mais, mais, ce n’est pas si simple. Nous sommes loin d’être au bout des discussions. Ce n’est qu’au bout de longues tergiversations que nous avons pu enfin aborder les premiers titres retenus pour la sélection. J’ai parlé d’Anaïs ou les gravières de Lionel-Edouard Martin. Il y a encore le temps, la remise n’est prévue qu’en décembre… Je voyais Sabine pour sa rentrée littéraire au Cherche-Midi. On s’était donné rendez-vous au bar du Lutétia. Du temps de mes années fastes, j’avais là mes habitudes. Je n’y passe plus guère aujourd’hui mais les employés me saluent toujours avec beaucoup de gentillesse. Gilles le chef barman vient me serrer la main. Vous allez bien ? J’ai mes rites. C’est un des derniers endroits où je bois du whisky. Je commande un Lagavulin avec un verre d’eau fraîche. Première gorgée à la mémoire de Didier. Et à notre amitié silencieuse. Une semaine ou deux avant qu’il n’entre à l’hôpital, nous étions venus prendre un verre. Il savait ce qui l’attendait. A la tienne ! Et il avait ajouté, regardant autour de lui : Quel bel endroit... Didier est mort en 2005. Je suis certain que le Bon Dieu lui a réservé un fauteuil de cuir confortable dans la clarté tamisée d’un paradis qui ressemble au bar de l’hôtel Lutétia. Le dernier roman de François Bott dont m’a parlé Sabine s’appelle justement Avez-vous l’adresse du paradis ? Une histoire tressée autour de la phrase d’Eluard, Le hasard n’existe pas, il n’y a que des rendez-vous. Bott a été à la tête du Monde des livres jusqu’en 1991, bien avant que je n’y place mes premières piges. Tous ses livres sont parfaits de retenue et d’élégance sensible. Je vais toucher un mot d’Avez-vous l’adresse du paradis ? à Raphaëlle. Je ne sais pas ce qu’elle pensera de la proposition. Je lui ai déjà envoyé une première liste de « souhaits » pour la rentrée et j’attends des réponses de sa part sur des livres du mois mai. Filé au Fouquet’s pour la remise du prix Pagnol. Nous avions été unanimes au jury, cette année, pour l’attribuer à Jean-Noël Pancrazi. La montagne, son court récit, sorti en mars chez Gallimard raconte tragiquement comment, au long d’une vie, l’enfance ne vous quitte jamais. Amélie m’a rejoint au moment des discours. Jean-Noël a été très émouvant, sa voix juste au-dessus du brouhaha un peu grossier des gens poursuivant leur caquetage. Champagne. Nous avons trinqué. Avec Marie, avec Marie-Christine, avec Jean-Claude. Trois mots avec José Artur (Nous avions fait connaissance il y a trois ans dans un salon à Vendôme). On y va ? – On y va. Les Champs-Elysées débordaient de gros touristes américains, de familles saoudiennes en shopping avec enfants geignards et femmes voilées, de gamins de banlieue à casquette. Vite fiche le camp d’ici. Nous avons attrapé le bus avenue Franklin-Roosevelt. Si on s’arrêtait rue Pierre-Leroux chez Guiseppe ? J’ai envie de pâtes a la puttanesca.