J’ai téléphoné vers midi à Marguerite pour savoir si elle avait le temps de boire un verre. J’étais dans le quartier Saint-Sulpice pour une nouvelle paire de lunettes. Il m’est devenu absolument impossible de lire sans maintenant. Je m’en suis aperçu vraiment l’autre soir, au restaurant. Je les avais oubliées. De près, de loin, rien à faire pour lire la carte. Nous nous sommes retrouvés au J’Go. Christophe n’était pas là. Je crois qu’il m’avait dit qu’il prenait des vacances. Nous sommes restés en terrasse. L’endroit était « privatisé » pour une espèce de réception. Des gens de la mairie de Toulouse venus faire de la promotion touristique à Paris. Tous discutaient bruyamment et avec l’accent. Quel drôle de dépaysement. On s’entendait parler quand même. Deux ballons de blanc de Gascogne, une petite assiette de jambon. Nous nous sommes donnés quelques nouvelles, rapides. La santé ? - Oh… Son dernier livre continue d’avoir du succès. Elle a vendu déjà plus de trente mille exemplaires rien qu’en poche. Je suis content pour elle et, d’une certaine manière aussi, ça me conforte. Il faut simplement persévérer. J’avais rendez-vous pour déjeuner avec Sabine à la Tavola di Gio, boulevard Raspail. Nous avons parlé du roman de Patrick Renou qui raconte la longue histoire d’amour de René Char et de Tina Jolas. Les mots de Renou rejoignent ceux des lettres échangées pendant trente ans entre ces deux amants qui ne vécurent jamais ensemble. Retour à la maison. A pied. En passant le long du square Jacques-Antoine, j’ai levé les yeux vers les marronniers. Partout sur les branches, les bourgeons commencent à tendre leurs écailles.