Je devais voir Sarah aujourd’hui. Mais Noé est malade et ça traîne. Du coup, sa semaine de vacances s’est effilochée en visites chez le pédiatre et en ordonnances à la pharmacie. Demain ? – Non ce n’est pas possible. J’ai préparé mes cours pour Censier. Drôle de semestre. L’administration de la fac s’est pris les pieds dans le tapis lors des inscriptions pédagogiques. Résultat, une bonne partie de mes étudiants n’a pas pu choisir de continuer mon atelier et les « nouveaux » ont été ventilés au petit bonheur. On a essayé de m’expliquer que c’était juste la faute à pas de chance. N’empêche, il arrive que je me retrouve avec juste deux ou trois égarés dans une salle désespérément vide. Souvent ce ne sont pas les mêmes. On va prendre un café ? Je rame un peu. Eux aussi. J’ai appelé Sonia Delage, la prof de français des élèves de troisième du collège d’Orgerus. Comme avec les « quatrains » de David Rodrigues au Havre, nous démarrons ensemble un projet d’écriture. On s’est vus une première fois il y a une dizaine de jours. Ils sont un peu timides encore. Ce que vous allez faire, c’est aussi de la littérature. Ah bon ? Comme toujours se sont les filles qui se lancent. Alors, on peut écrire ce qu’on veut ? N’importe quoi ? Nous étions invités chez Nathacha et Bernard, rue Oudinot. Neela a sorti ses livres et nous a « lu » des histoires : Jack et le haricot magique, Une ruse de maître renard… Elle est toujours aussi espiègle, toujours aussi maline. Trois ans. Et demi, bientôt… La soirée a passé vite. Cela faisait longtemps que nous devions faire ce dîner. A chaque fois c'était On s’appelle ? – A bientôt… A bientôt… Nous nous croisons assez souvent dans Paris avec Nathacha. Dans le métro, à un carrefour. Ca tient à quelques secondes. De drôles de hasards qui se répètent. C’était bien de se voir ce soir. Histoires d’écriture, récits de tous les jours. Poulet au lait de coco, patates douces et vin de bordeaux.