J’ai retrouvé Amélie chez Péret. Un pichet de bordeaux, puis deux. J’ai repris des couleurs. Nous avons fini par dîner sur place. Parlé de mon livre qui, décidemment, ne démarre pas. Nous devons aller au début du mois prochain à L’isle-de-Noé, dans le Gers chez ma belle-sœur Noëlle. Il faut que je récupère dans les affaires de mon frère Jean un certain nombre de documents sur mon père. Des notes, des lettres, des photographies. J’en ai besoin pour accrocher mes mots. Sinon ils s’effondrent. Mon texte ne tient pas. Je ne connais rien de sa vie, en fait, et personne ne peut plus rien m’en dire. Du tout. Alors, je dois tenter de me glisser dans la moindre défroque, dans la plus petite émotion accessible. Je recherche une histoire qui ressemble à celle que j’imaginais de lui, enfant. Racontée aujourd’hui par l’enfant vieilli que je suis devenu. Que c’est difficile. Je n’ai pas osé écrire à Jean-Marc pour lui dire que je m’égare depuis des mois autour du point mort. Car c’est bien d’une affaire de cadavre dont il s’agit. Je tourne autour du tombeau. J’ai différé ce voyage à cause de la disparition de Jean, de ma maladie et de mon opération, de l’accident qui m’a cloué à la maison. Et puis, j’avais appris que Noëlle avait eu aussi des soucis de santé. Alors…