Il a fait si beau. J’ai rempli les mangeoires des oiseaux (on aurait dit qu’ils attendaient. Des rafales de mésanges et de rouges-gorges se sont abattues sur les graines et les pains de graisse), nettoyé les allées. J’ai effleuré les feuilles rouges, toutes neuves, aux branches des rosiers. Et puis nous avons rassemblé les affaires pour partir. Jean-Pascal et Agathe nous ont accompagnés à Granville. Nous avons laissé la voiture à la maison. C’est carnaval en ce moment et le parking de la gare est envahi de manèges. Comme il y a les cavalcades, les batailles de confettis, que sais-je encore, toutes les rues sont hérissées de panneaux de stationnement interdit. Je déteste les fêtes foraines. Je trouve cela empli d’une écoeurante émotion. Tout me semble envahi de tristesse sale. J’éprouvais déjà cette sensation enfant, à la Saint-Rieul, à Senlis. Quant au carnaval… Ces festivités ne plaisent pas beaucoup à Agathe non plus. Je m’entends bien avec cette petite fille. Elle a l’âge de Camille. Enfin presque. Demain, Camille aura onze ans. Elle grandit, ma nièce. Camille, Victoria, Valentine. Elles me manquent ces gamines. Et Apolline. Comme le temps file et comme il va filer. En prenant dans mes bras, au Mexique, ma si petite filleule, j’avais réalisé que j’aurai soixante-seize ans l’année de ses vingt ans. Fichus manèges… Jean-Pascal m’a arraché à mes idées noires. On vient vous chercher au train vendredi prochain ?