Réveil tôt. Douche discrète pour ne pas réveiller Virginie. Emmanuel nous a fait signe de la terrasse. On roule à 6h00… Vous prenez un café ? Camille a passé son nez à la porte de la cuisine. Hier soir, nous lui avions promis d’aller l’embrasser avant de partir. Tu penses vraiment qu’on aurait oublié ? Le jour se levait sur les collines. J’ai senti comme en enfance cette morsure de poitrine des départs de chez mes grands-parents. De la fin des vacances. Partir, c’est mourir un peu, me répétait ma mère. Je croyais qu’il s’agissait d’un proverbe. Ce n’est que bien plus tard que j’ai lu Le rondel de l’adieu, le poème d’Edmond Haraucourt. Je me le récite souvent, depuis, dans la tête.

Partir, c'est mourir un peu,/ C'est mourir à ce qu'on aime:/ On laisse un peu de soi-même/ En toute heure et dans tout lieu./

C'est toujours le deuil d'un vœu,/ Le dernier vers d'un poème ;/ Partir, c'est mourir un peu.

Et l'on part, et c'est un jeu,/ Et jusqu'à l'adieu suprême/ C'est son âme que l'on sème,/ Que l'on sème à chaque adieu.../ Partir, c'est mourir un peu.

Brèves embrassades à la gare de Cannes. Amélie a dormi dans le train. Nous étions à Paris vers midi. La journée s’est installée en parenthèses. Nous avons déjeuné chez le Grec de la rue Daguerre. Courses. Rangements. J’ai relu Place des Savanes de Jean-Claude Pirotte. Je le rencontre demain, à la frontière suisse, près de Belfort, pour un portrait dans un des numéros de rentrée du Monde. Nous nous étions écrit au moment de la sortie de mon anthologie poétique de Cayrol. Sinon, juste croisés quelquefois. Je ne voulais pas rater cette occasion de lui parler.