Voiture de location. J’ai pas mal cafouillé pour trouver le chemin jusqu’à Beurnevésin. Dans ce village frontière du Jura suisse, Jean-Claude Pirotte habite la maison située juste devant le poste de douane. J’hésitais pour l’entrée. De la fenêtre, Sylvie Doizelet, sa compagne a agité la main. Je suis content de te revoir. Nous avons parlé deux heures à la table de la cuisine en buvant du café. Il ne va pas bien Pirotte. Il est même très malade. Quelle infecte injustice. C'est tout-à-fait le début de la vie, le commencement, la genèse, écrivait-il il y a dix ans, au moment de sa soixantaine, comme il venait de rencontrer Sylvie. Nous avons remonté les années, reficelé les instants. Je vais avoir du mal à rédiger ce portrait. Je me sens près de ses inquiétudes, comme je me suis senti près à chaque fois de ses textes. Je te lirai le papier au téléphone. Tellement peur de froisser un mot, d’en mettre un à-côté. On s’est embrassés. Il m’a raccompagné jusqu’au bord de la route.