Laurence est venue déjeuner avec moi. Amélie avait préparé la veille une pissaladière. Il n’y avait plus qu’à tourner la salade. Nous n’avons pas beaucoup mangé. Bu du vin blanc. Pas mal parlé. Enfin, je ne sais pas. Si, sûrement. Du jour où Amélie est entrée dans ma vie, j’ai compris que les rencontres n’étaient plus dûes au hasard, mais qu’elles obéissaient à une nécessité absolue. Grâce à elle, c’était la fin des années aveugles. Mais je n’ai pas l’habitude et je reste souvent maladroit, hésitant. Emprunté. Avec Laurence, s’installe une amitié transparente. Je m’en gêne tout seul, par moments, dans un sentiment d’usurper. De recevoir, de prendre, quelque chose qui ne m’est pas destiné. Quand parviendrai-je à me débarasser de ma peine, de cette inquiétude chagrine qui voile tous mes bonheurs ? Nous sommes à peu près tombés d’accord pour une date où elle viendrait avec Gaïa et Josepha à Carolles. En mai. Cela va venir vite. Je devrais être sur mes deux jambes. J’attends mon renouveau de mai. Mon temps des cerises. La sortie du livre et les pages tournées. J’ai reçu dans l’après-midi le texte de la quatrième de couverture du 16 rue d’Avelghem qui sort chez J’ai lu. Changé quelques bricoles, au téléphone, avec la jeune femme qui l’avait rédigé. Cette nouvelle édition sera en librairie en même temps que La fausse porte.