C’était l’anniversaire de Séverine. Quarante ans. Amélie avait eu Gérald au téléphone, il y a une semaine. Il voulait lui faire une surprise. Je m’étais senti d’un coup très compatissant. Pauvre Séverine. Mon Dieu, les anniversaires-surprise... Il me semble qu’il s’agit là d’une des pires machinations qui soit. J’avais déjà dans le passé, à ma grande honte participé à une ou deux de ces opérations. Car, on a beau dans l’histoire n’être qu’un figurant, on n’en est pas moins coupable. Le principe est d’éloigner de chez lui le malheureux qui en est victime sous un prétexte plausible, le temps d’achever tout un tas de préparatifs et de laisser aux invités (-surprise) le temps d’arriver. Au retour, fatigué, énervé d’avoir été chercher je ne sais quoi d’introuvable à l’autre bout de la ville, il doit faire bonne figure. Quelle merveilleuse surprise et comme je suis ému ! Une petite larme est du meilleur effet. Ah, ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on vous fit à vous même. Aujourd’hui, la cause était entendue. Il s’agissait d’un dîner en « petit » comité. Avec la famille. A savoir : Brigitte et Bruno, les parents de Séverine ; sa grand-mère Alice ; Armelle et Tanguy avec trois de leurs enfants (Mathieu, le grand aîné, Sophie et Alix). Mexico étant au Mexique, nous étions censés « représenter » Virginie et Marcus pour cause d’éloignement. Amélie avait demandé à Séverine de venir dans l’après-midi pour l’aider à faire des ourlets de rideaux. Et emmène Agathe ! Pour être franc, nous avons passé un bon moment. La petite a repris deux fois de la couronne des rois et comme aucun de nous ne savait se servir de la machine à coudre, les ourlets-alibi ont été fixés au thermocollant. Sauf qu’il a fallu partir dans la roue de Séverine (Noëlle nous avait prêté sa voiture pour le week-end) pour arriver à l’heure à Saint-Cloud. Bah. De la soirée, pas grand chose à raconter. J’aime bien tous ces gens. Mais ça aurait sans doute été bien mieux si nous nous étions vus autrement. Surtout avec les enfants. Pas vraiment eu le temps de jouer avec Arnaud et Thomas. Nous nous sommes égarés dans la banlieue à l’aller et au retour. Quelle expédition… Et nous étions comme mal à l’aise de retour à la maison. Tu crois que Séverine était contente ?, m’a demandé Amélie. – Je ne sais pas. A sa place, je ne saurais pas faire semblant.