Revu les livres de Jeux d’Epreuves. Brooklyn de Colm Tóibín, G 229 de Jean-Philippe Blondel, Dans la mer il y a des crocodiles de Fabio Geda. Je présentais Les petits, de Frédérique Clémençon à L'Olivier. Dans le studio avec Joseph, j’ai retrouvé Josyane, Clara, Sabine. Nous nous sommes à peine écharpés sur Brooklyn. J’avais, contrairement à tous, une vision plutôt désepérée de l’histoire. Le voyage de cette jeune Irlandaise vers les Etats-Unis dans les années 1950 et ses allers-retours me semblait raconter vraiment que l’on porte en soi, lourdement, tout ce qui peut vous empêcher d’être et de vivre. Il paraît que c’était tout le contraire. Tant pis pour moi peut-être. N’empêche que c’est un très beau roman. Et que je persiste dans la lecture que j’en ai eue. J’ai parlé du mieux que j’ai pu des nouvelles de Frédérique Clémençon. Il y a bien longtemps que je n’avais pas lu un livre aussi terriblement juste et vrai sur l’enfance. Un livre qui ne tente pas de la faire comprendre ou de la raconter, mais qui nous donne à la ressentir. Et par là-même, à nouveau, de l’éprouver. C’est un père qu’on s’est efforcé d’écarter de ses deux filles et qui les emmène au bord de mer pour un dernier pique-nique. C’est un jeune garçon pris dans une séparation et qui se heurte au chagrin de sa mère. Une fillette dont on veut malgré elle qu’elle devienne parfaite. Ce sont des violences, des humiliations, des affections volées, de la corruption des sentiments. Nous ne sommes que des enfants vieillis. Des petits qui ont grandi bizarrement et qui cherchent à se défendre. Je suis rentré en métro avec Sabine. On habite pas loin l’un de l’autre, mais elle retrouvait son fils et n’avait pas le temps de passer à la maison. J’ai attendu Amélie chez Péret. En lisant. Un moment.