J’ai écrit à mes cousines. Josette, Agnès et Françoise. Quoi dire, sinon qu’on est triste et que les souvenirs se bousculent. Comme ceux de cette journée où mon oncle Henri m’avait emmené visiter Lille. J’avais huit ans. Il était venu me chercher rue d’Avelghem de bonne heure le matin. Trajet dans le Mongy. Un café crème et un croissant du côté de la Grand Place. Et puis nous avions marché. Il faisait le guide. La vieille bourse, l’opéra, le Rang du Beauregard, le palais Rihour. Tu dois avoir faim… Je me rappelle encore que le restaurant se trouvait rue des chats-bossus et que j’avais eu le droit de tremper les lèvres dans sa Trappiste. L’après-midi, nous étions allés au musée des Beaux-Arts. Il m’avait montré les Goya : « La lettre ou les jeunes », « Le temps ou les vieilles ». Tout passe vite, tu vois… J’ai continué mon texte. Pierre est venu dîner. C’était prévu depuis longtemps.