Je devais retrouver Jacques Abeille à sa nouvelle maison d’édition, Attila, en début d’après-midi. Il s’était mélangé dans les heures. Il est arrivé très en retard. J’ai flâné dans le quartier. Discuté un peu, en l’attendant, avec Benoît Virot de cette nouvelle édition des Jardins statuaires. Un bonne partie de la communication se fait sur l’idée qu’il s’agirait d’un livre « maudit ». Pris dans des circonstances difficiles à chaque fois. Faillite, départ des directeurs de collection, incendies d’entrepôts, rachats… S'est créée ainsi une mythologie du désastre et de l’injustice. Il n’empêche que Les jardins statuaires est déjà sorti à deux reprises. Chez Flammarion en 1982 et chez Joëlle Losfeld en 2004. Malgré une presse élogieuse, le texte semble n’avoir jamais vraiment rencontré son public. Il le mérite pourtant. Et c’est vraiment tant mieux que ce long périple d’un voyageur découvrant un monde où d’étranges jardiniers cultivent des statues soit à nouveau disponible. Il s'en dégage une incroyable force poétique. Je suis resté un bon moment à parler avec Jacques Abeille. Il s’agit véritablement du livre de sa vie. Il a publié pas mal depuis, mais explique qu’il n’a jamais retrouvé ce moment magique d’alors, où l’écriture se portait, seule, de l’avant. Grand soleil. Je suis allé à pied jusque chez Gallimard où je devais récupérer des documents. Passé embrasser Joëlle. Nous sommes allés boire un verre au Comptoir des Saints-Pères. Rejoints un peu plus tard par Elodie et Pierre. Nous avons laissé filer le temps et nous sommes tous arrivés en retard. Eux à la soirée de la Fnac. Moi, à la maison où Marion et Jérôme venaient dîner. Nous ne les avions pas vus depuis leur retour de Crète. Ils nous avaient apporté, en souvenir, un bidon d’une extraordinaire huile d’olive et un gros sachet de dictamne de Crète (origanum dictamnus). La plante sous l’Antiquité était réputée soigner toutes les maladies. Je vais essayer sans tarder cette panacée.