Je suis parti sans bruit de bonne heure. Laissant à Marie le soin de fermer la maison. Elle reprenait la route en début d’après-midi après avoir passé cinq jours ici. Je devais absolument rentrer à Paris aujourd’hui à cause d’une convocation à l’ANPE (pardon, on dit le Pôle emploi maintenant…) du boulevard Arago. J’avais déjà déféré à une convocation semblable en octobre dernier. Mais on m’avait demandé alors de me rendre au Centre de reclassement des journalistes, dans le Xe arrondissement. Si je touche plus d’argent depuis bien longtemps, je m’obstine à pointer encore tous les mois. Il me semble qu’il faut continuer à le faire pour cotiser aux caisses de retraites complémentaires ou quelque chose comme ça. J’ai été reçu par une jeune femme, très gentille, qui ne comprenait pas très bien pourquoi j’avais été adressé à elle. Bon, m’a-t-elle dit, je note que vous continuez à activer votre réseau et que je vous réaffecte au CNRJ.Ils vont me convoquer aussi ?Ca, je ne sais pas... Voilà comment on perd sa journée. Je suis rentré rue Danville. Commencé à rédiger mon papier pour Le Magazine sur Passé sous silence d’Alice Ferney. Une mise en fiction longue de l’attentat manqué du Petit-Clamart contre le général De Gaulle le 22 août 1962 qui ressemble à une sorte de « réhabilitation » de son instigateur, le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, condamné à mort et exécuté l’année suivante. Tous les noms sont changés. De Gaulle est devenu Jean de Grandberger. Bastien-Thiry, Paul Donadieu. On ne parle pas de l’Algérie mais de La Terre du Sud. Pas de la France, mais du Vieux Pays… J’ai appelé François pour lui demander un délai jusqu’à demain soir. Je suis allé chercher Amélie. J’avais l’impression de ne pas l’avoir vue depuis une éternité. Il faisait grand soleil. Nous sommes allés prendre un verre au J’Go. Bavardé de la rentrée littéraire avec Christophe. Rentrés à pied jusqu’au XIVe en traversant le jardin du Luxembourg. Soirée de retrouvailles douces. Si bien ensemble… Je n’étais pas revenu pour rien.