Lucie m’a demandé un petit papier pour Le Soir. Quelque chose comme Le regard d’un Français sur les romans belges de la rentrée littéraire. Les Belges… Difficile d’extirper leurs livres du flot des publications d’août-septembre, de les mettre à part... D’ailleurs, la plupart des écrivains belges d’expression française publient majoritairement en France. De Xavier Hanotte, à William Cliff, de Guy Goffette à Jean-Philippe Toussaint, de Marcel Moreau à Francis Dannemark. Et aussi Jean-Claude Pirotte, Gabrielle Rolin, Henry Bauchau, Régine Vandamme, Jean-Pierre Verheggen, Patrick Roegiers… J’en passe. Comment ne pas se souvenir de la petite phrase de Brochier : Aujourd’hui, un écrivain français sur deux est belge. Nous avions parlé de cela un soir où nous nous étions retrouvés côte à côte (et chacun de notre côté…) à la Taverne du Passage un soir de foire du livre à Bruxelles. Nous avions partagé nos bouteilles de vin de Moselle et nos lectures de Rodenbach, de Verhaeren… J’aime depuis longtemps les Lettres belges, mais je n’ai vraiment découvert les contemporains qu’au moment où je me suis occupé du supplément belge de Point de Vue. Je m’étais fixé comme objectif de « remplir » les pages livres, uniquement de… littérature belge. Je suis allé bien souvent en Belgique à cette époque. J’y ai fait des rencontres. Je m’y suis fait des amis. Dans le papier du Soir, j’ai surtout insisté sur Xavier Hanotte. Il vient de publier Des feux fragiles dans la nuit qui vient chez Belfond. Je dois le rencontrer bientôt pour Le Monde. Hanotte est un auteur magnifique. Ses livres sont envahis de fantômes et de doubles. Et ils laissent rêveur, perdu dans des paysages sans fin, emporté de douce mélancolie. Il fera un beau Nobel. Dans quelque temps. J’ai rangé les affaires. Préparé mon travail pour les jours qui viennent. Je rentre demain à Paris retrouver Amélie.