C’est le seul mois de l’année où partir à la gare à l’aube veut vraiment dire quelque chose. La nuit est juste lavée. Les haies et le jardin s’accrochent d’un reste de laiteux et de flou. A peine la voiture entre-t-elle dans Jullouville, qu’une lueur rose, montant de Lézeaux, s’installe dans le ciel. Un instant… Et tout est radieux. J’ai pensé pendant le trajet que s’il me venait une fille, encore, j’aimerais l’appeler Aurore. Amélie s’est installée dans son wagon. J’ai attendu sur le quai que le train parte. Un baiser à travers la vitre. Nous nous arrachons de minuscules morceaux de nous à chaque séparation. On ne se verra qu’en fin de semaine. Je devais rentrer à Paris pour enregistrer Jeux d’Epreuves, mais il n’y aura personne en studio à cause de la grève. J’ai repris le livre avec lenteur. Au soir, j’ai été couper les roses fanées chez Noëlle, à L’atelier. Cueilli un petit bouquet pour Georgette. Rentré par les Fontenelles…